Dans nos océans, il y a des plastiques. En quantité. C’est bien connu. Mais il y a aussi de la crème solaire. Et des chercheurs préviennent aujourd’hui que la rencontre des deux n’est certainement pas souhaitable.


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    Les plastiquesplastiques abandonnés dans la nature finissent généralement par polluer nos océans. Ils constituent un danger tant pour les écosystèmes que pour la santé humaine. De plus en plus d'études le montrent. Les crèmes solaires polluent également les mers. Des scientifiques ont montré la nocivité de certains de leurs filtres ultravioletsultraviolets (UV). Ce qui a poussé les chercheurs de l'université de Stirling (Royaume-Uni) à se poser la question qui dérange : existe-t-il une interaction entre plastiques et crèmes solaires. Et leur réponse est malheureusement : oui !

    Le saviez-vous ?

    Plus de 80 % des cancers de la peau sont liés à une exposition excessive au soleil. Ainsi les scientifiques recommandent-ils d’abord d’éviter les heures d’ensoleillement maximal, puis de porter des vêtements couvrants et de rester le plus possible à l’ombre. Les crèmes solaires devraient rester un moyen de protection complémentaire visant à protéger notamment les parties du corps toujours exposées comme le visage et les mains.

    Pour comprendre, rappelons que dans l'océan, les déchets plastiques offrent aux microbesmicrobes autant de surfaces où ils peuvent se développer et former des couches visqueuses que les scientifiques appellent plastisphères. Les chercheurs ont déjà étudié ces plastisphères. Mais ils n'avaient pas encore travaillé sur l'impact d'autres produits chimiques sur les microbes qui vivent sur le plastique à la dérive dans nos mers. C'est désormais chose faite.

    Moins de bactéries pour dégrader les plastiques

    Dans le Journal of Hazardous Materials, ils rapportent avoir découvert qu'un composant en particulier des crèmes solaires, l'éthylhexyl méthoxycinnamate, communément appelé EHMC, rendrait le plastique plus difficile à décomposer. Parce qu'en présence d'EHMC, les populations de bactériesbactéries qui, en mer, dégradent les déchets plastiques, comme Marinomonas, diminuent. Des bactéries comme PseudomonasPseudomonas, elles, se mettent à produire plus d'une protéineprotéine de leur membrane externe appelée porine F (OprF) qui stabilise leurs biofilms protecteurs, améliorant leur capacité à survivre.

    Certes, les bactéries Pseudomonas sont reconnues pour leur capacité à décomposer un large éventail de contaminants. Des pesticides, des métaux lourds ou encore des hydrocarbureshydrocarbures. Cependant, certaines souches de Pseudomonas sont également classées comme pathogènespathogènes opportunistes. Elles peuvent provoquer des infections graves.

    Le double effet des crèmes solaires sur les plastiques

    Un autre mécanisme identifié par les chercheurs pourrait participer à la moindre dégradation du plastique en présence de crème solaire : le fait que l'éthylhexyl méthoxycinnamate semble entraver le développement de bactéries aérobiesaérobies utiles parce qu'elles contribuent à la dégradation précoce des polluants plastiques. En parallèle, il favoriserait le développement de bactéries anaérobies qui forment des biofilms et se montrent ainsi plus tolérantes au stressstress.

    « Les propriétés de protection UV de l'EHMC, combinées à sa capacité à supprimer les bactéries hydrocarbonoclastiques, pourraient indirectement protéger les plastiques de la photodégradation et de la biodégradation, contribuant ainsi à leur persistance dans les environnements marins, conclut Sabine Matallana-Surget, chercheuse à l'université de Stirling, dans un communiqué. Cet impact, combiné à l'enrichissement en bactéries potentiellement pathogènes, suscite de vives inquiétudes quant à la stabilité des écosystèmes et à la santé humaine, en particulier dans les régions côtières à forte activité touristique et à forte pollution plastique. »