Surnommé le « Kodak Gap  pour ses paysages spectaculaires, le chenal Lemaire est l’un des passages les plus emblématiques de l’Antarctique. Long de 11 kilomètres et large de seulement 1 600 mètres par endroits, il serpente entre l’île Booth et la péninsule Antarctique, encadré de falaises abruptes et de glaciers vertigineux. Pendant l’été austral, lorsque les glaces se retirent, le chenal devient un passage incontournable pour les croisières et les expéditions polaires. Entre icebergs majestueux et colonies de manchots, il incarne toute la beauté brute et fragile de l’Antarctique.


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    Carte du monde et carte péninsule Antarctique © Peter Hermes Furian, Adobe stock
    Carte du monde et carte péninsule Antarctique © Peter Hermes Furian, Adobe stock

    Passage mythique de l’Antarctique

    Découvert en 1873 par l'explorateur allemand Eduard Dallmann, le chenal Lemaire demeure l'un des sites les plus emblématiques de l'Antarctique. En 1898, lors de l'expédition de la Belgica, le navigateurnavigateur belge Adrien de Gerlache est le premier à cartographier cette voie maritime, marquant ainsi l'un des moments fondateurs de l'exploration antarctique. Naviguant entre l'île Booth et la péninsule Antarctique, il découvre un étroit passage de 11 kilomètres, encadré de hautes falaises et de crêtes glacées. Fasciné par la beauté du paysage, il nomme le chenal en hommage à Charles Lemaire, un explorateur qui mena plusieurs missions au Congo à la fin du XIXe siècle. Cette traversée s'inscrit dans une expédition historique : la Belgica sera le premier navire de l'histoire à hiverner en Antarctique, piégée par les glaces. Le chenal Lemaire reste, aujourd'hui encore, l'un des symboles de cette aventure pionnière, et perpétue la mémoire de ces explorateurs qui, les premiers, osèrent affronter les confins australs.

    Chaque année, la glace et les icebergs qui flottent dans le chenal imposent de véritables défis à la navigation, rendant cette route aussi dangereuse que fascinante. Chenal Lemaire © Thierry Suzan – Tous droits réservés
    Chaque année, la glace et les icebergs qui flottent dans le chenal imposent de véritables défis à la navigation, rendant cette route aussi dangereuse que fascinante. Chenal Lemaire © Thierry Suzan – Tous droits réservés

    Dans les méandres australs

    De nos jours, la traversée du chenal Lemaire demeure parfois entravée, particulièrement au début de l'été austral, lorsque les glaces flottantes et les icebergs obstruent l'accès. Le passage s'est imposé comme un incontournable pour le tourisme polaire et les missions d'exploration scientifique. En raison de ses paysages à couper le souffle -- des falaises imposantes, des glaciers gigantesques et une faune exceptionnelle --, le chenal Lemaire attire chaque année de plus en plus de croisières d'aventure et d'expéditions. Ces dernières, souvent menées par des scientifiques, profitent de ce lieu emblématique pour étudier les écosystèmes polaires, la biodiversitébiodiversité marine et les impacts du changement climatiquechangement climatique. Le chenal Lemaire est ainsi devenu une destination prisée des voyageurs en quête d'évasion dans l'un des derniers territoires vierges de la planète, mais aussi un site essentiel pour la recherche environnementale, présentant des conditions idéales pour observer la faune antarctique, notamment les baleines, les manchots et les phoques.

    Les falaises imposantes du chenal Lemaire s’élèvent majestueusement au-dessus des eaux glacées, formant des barrières naturelles spectaculaires. Leur silhouette majestueuse, sculptée par les vents et les glaces, témoigne de la puissance brute de l'Antarctique. Chenal Lemaire © Thierry Suzan – Tous droits réservés
    Les falaises imposantes du chenal Lemaire s’élèvent majestueusement au-dessus des eaux glacées, formant des barrières naturelles spectaculaires. Leur silhouette majestueuse, sculptée par les vents et les glaces, témoigne de la puissance brute de l'Antarctique. Chenal Lemaire © Thierry Suzan – Tous droits réservés

    Un passage sous haute surveillance

    Le chenal Lemaire fait aujourd'hui face à des défis croissants liés au changement climatique et à l'augmentation du tourisme. Le recul des glaces modifie les conditions de navigation et fragilise les écosystèmes. Parallèlement, la hausse des croisières polaires soulève des inquiétudes quant à la préservation de la faune locale - manchots, phoques, baleines - bien que celle-ci continue de prospérer. Pour répondre à ces enjeux, des réglementations strictes encadrent les visites, limitent l'empreinte écologiqueempreinte écologique et assurent une surveillance constante, mise en oeuvre par les pays signataires du Traité sur l'Antarctique grâce à un système d'autorisations nationales et de coordination internationale. Les expéditions scientifiques et touristiques contribuent activement à la sensibilisation sur la fragilité de cet environnement. La gestion durable du chenal vise ainsi un équilibre entre exploration, recherche scientifique et préservation de l'environnement.

    Les explorateurs d’autrefois, perdus dans l'immensité blanche, traçaient des chemins d'audace et de rêve, inscrivant leurs traces dans un paysage éternel. Chenal Lemaire © Thierry Suzan – Tous droits réservés
    Les explorateurs d’autrefois, perdus dans l'immensité blanche, traçaient des chemins d'audace et de rêve, inscrivant leurs traces dans un paysage éternel. Chenal Lemaire © Thierry Suzan – Tous droits réservés

    - Le regard de l'explorateur -

    Les falaises abruptes se dressent face aux glaces immobiles, formant un paysage d'une pureté rare. Les eaux froides glissent entre les mursmurs de glace, tranquilles et profondes, tandis que les icebergs dérivent lentement, témoins d'un monde gelé. Chaque regard porté sur ces immensités, révèle un peu plus les mystères antarctiques. Entre ces pics enneigés, l'exploration devient un échange silencieux avec la nature, à la fois imposante et fragile.

    Un mail, un retour, votre ressenti sera très apprécié. : Agnès BuginAgnès Bugin, Directrice de la communication, [email protected]