Inoffensive, la cigarette électronique ? Pas à en croire une méta-analyse réalisée par des chercheurs indiens. Ceux-ci viennent de mettre en évidence – à partir de données concernant 4,3 millions de personnes – que le vapotage aurait, à long terme, des conséquences graves sur la santé pulmonaire.


au sommaire


    Vous êtes passé à la cigarette électroniquecigarette électronique pour arrêter de fumer ou diminuer votre consommation de cigarettes. Vous avez constaté que vous respirez mieux, toussez moins et avez moins mauvaise haleine. Bref, vous sentez que vapoter est moins problématique que le tabagisme pour votre santé.

    C'est vrai, la cigarette électronique est moins nocive que le tabac. En revanche, elle est loin d'être exempte d'effets néfastes ! Les moléculesmolécules chimiques qu'elle génère pourraient en effet nuire aux poumons et favoriser l'apparition de maladies respiratoires parfois très graves. C'est ce que suggère une nouvelle étude publiée dans la revue Primary Car Respiratory Medecine.

    Quand les poumons s’épuisent

    Les chercheurs se sont intéressés aux effets du vapotage sur une maladie des poumons relativement répandue : la bronchite pulmonaire chronique obstructive ou BPCO. Cette forme de bronchite incurable est caractérisée par une inflammation persistante des poumons associée à une diminution du débitdébit de l'airair circulant. Elle survient traditionnellement chez les fumeurs et les personnes exposées aux produits chimiques irritants et tend à s'aggraver avec le temps.

    Symptômes : toux chronique, crachats le matin, essoufflement de plus en plus gênant, infections à répétition... qui apparaissent généralement après 40 ans. Actuellement, près de 400 millions de personnes seraient touchées dans le monde par la BPCO. Une personne en meurt chaque quatre secondes. C'est aujourd'hui une cause importante de mortalité. Bref, un problème majeur de santé publique.

    La BPCO, une maladie respiratoire grave, concernerait 400 millions de personnes aujourd’hui dans le monde. © Anastasiya, Adobe Stock
    La BPCO, une maladie respiratoire grave, concernerait 400 millions de personnes aujourd’hui dans le monde. © Anastasiya, Adobe Stock

    La cigarette électronique dans le viseur des chercheurs

    Bien que la consommation de cigarettes diminue dans de nombreux pays, certaines régions continuent d'enregistrer une stagnation ou même une augmentation du nombre de personnes touchées par la BPCO.

    De plus en plus de chercheurs s'intéressent aux facteurs de risquefacteurs de risque autres que le tabac et les produits irritants, et commencent à sérieusement se demander si l'utilisation croissante de la cigarette électronique pourrait être en cause. Celle-ci génère en effet un aérosolaérosol riche en particules ultrafines et en produits chimiques tels que l'acroléine et l'acétaldéhydeacétaldéhyde, des substances connues pour provoquer une inflammation des voies respiratoires et endommager les poumons.

    Une équipe de chercheurs indiens a décidé de faire le point en réunissant et analysant les résultats de l'ensemble des études qui avaient été menées sur les liens entre l'utilisation de la cigarette électronique et la BPCO. Dix-sept publications regroupant un total de 4,3 millions de personnes (majoritairement américaines, mais également chinoises et sud-coréennes) répondaient à leurs critères. Que montrent les calculs ?

    Un risque de BPCO augmenté de 50 %

    En moyenne, les utilisateurs de cigarette électronique présentaient un risque de développer une BPCO supérieur de 50 % à celui des personnes n'ayant jamais vapoté. Chez les vapoteurs de longue date, ce risque montait à 84 %, soit quasiment un doublement du risque.

    L'analyse détaillée des données suggère que ce ne sont pas forcément les produits de vapotage qui sont responsables de ce surrisque, mais aussi... la nicotine qui y est ajoutée ! Celle-ci ne serait pas seulement addictive, elle alimenterait également le stress oxydatifstress oxydatif et l'inflammation pulmonaire dans les poumons, et ce, indépendamment des substances chimiques présentes dans les liquidesliquides de vapotage.

    Même si les chercheurs n'excluent pas que d'autres facteurs non pris en compte dans l'étude puissent intervenir (double usage tabac-vapoteuse, antécédents de tabagisme...), ils appellent les médecins à s'informer sur les habitudes de leurs patients et à surveiller de près leur fonction pulmonaire, surtout celle des jeunes adultes que l'on considère habituellement à l'abri de la BPCO.

    Prochaine étape : mettre en place des études basées sur des diagnosticsdiagnostics plus précis de la BPCO, tenant mieux compte du statut tabagique et évaluant plus précisément la duréedurée et l'intensité de l'utilisation de la cigarette électronique.